Découverte d’une danse classique indienne : la bharata natyam

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Récemment des amis nous ont invités au spectacle de danse solo de leur fille Mélodie dans un temple du quartier. Cela nous a permis de découvrir une des plus importantes danses classiques indiennes appelée la bharata natyam. Le spectacle en question était donné à l’occasion de sa « Gejje Pooja » qui représente une sorte de passage à un niveau supérieur et le début d’une prochaine année d’étude de cette danse. C’est en même temps  une célébration religieuse pendant laquelle les étudiantes dansent en l’honneur de leur Gourou et Maître de danse (qui en général le sont de mères en filles) et aussi en l’honneur de Nataraja, le dieu de la danse, une des formes de Shiva. Comme Mélodie est déjà très talentueuse, c’était pour nous une magnifique occasion d’en savoir plus sur cette danse qui est indissociable de la culture du pays.

 

Il existe 6 formes différentes de danse classique, la bharata Natyam , étant  originaire de l’inde du sud et considérée comme la plus ancienne. elle est issue des Vedas et du Natyashastra qui est le recueil sacré où est codifié l'art dramatique. Jadis elle n'était interprétée que dans les temples par des danseuses (les devadasis) qui avaient dédié leur vie à leur art et aux dieux. L’aspect religieux en est donc primordial. De nos jours, elle est accessible aux jeunes filles qui le souhaitent, mais c'est toujours une danse de soliste dont l'apprentissage est très long et très difficile.

 

Le costume des danseuses de bharata-natyam est issu de ceux que l'on peut voir sur les bas-reliefs des temples de Chidambaram, au sud de Pondichéry, dédiés à Shiva Nataraja. Il est confectionné sur mesure,  à partir d’un sari en soie (de Kanchipuram notamment), en principe bicolore et à bordures dorées. De nombreux bijoux et ornements sont utilisés. Le vêni est une sorte de petit diadème de fleurs porté dans la chevelure, complété par un bijou appelé rakodi. Des deux côtés de cette chevelure, deux autres bijoux symbolisent la Lune et le Soleil : à eux deux ils forment le chandrasuryan. Les oreilles portent quant à elles trois bijoux : le thôdu, au niveau du lobe, le simikki, qui est pendant, et la chaînette appelée mâtal. L'attikkaï est un ensemble de colliers avec pendentif. Les bracelets ne sont pas oubliés, et à la taille est portée une large ceinture métallique appelée ottiyânam.

 

La chorégraphie est composée de tableaux dont l'ordre a été établi par la tradition. Il y a la célébration à Ganesh, à Lakschmi , à l’Amour etc. … La danseuse utilise tout son corps, mais aussi son visage et ses yeux, avec une gestuelle complexe et des règles très strictes . J’étais très impressionnée par les mouvements des mains, qui doivent avoir une grâce et une souplesse incroyables, témoignant d’un travail dur et quotidien. Les parents du reste, pas peu fiers, (et on les comprend !), nous racontaient que même en marchant dans la maison , ou en mettant la table, par exemple, elle ne pouvait s’empêcher de s’entraîner. Pour réussir dans cette danse, il faut avoir la vocation et beaucoup de discipline personnelle et ce, dès le plus jeune age.

 

La scène est également toujours organisée de manière précise :
À la gauche de la scène, vue du public, se trouvent les musiciens et le(s) chanteur(s).  La musique est de type carnatique. L’orchestre est emmené par le nattuvanar qui marque le rythme avec des petites cymbales (les talams).

Dans le cas de Mélodie, c’était son gourou elle-même qui s’en chargeait, et c’était impressionnant de voir les regards entre elles, leur connivence et leur confiance mutuelle. Je comprends maintenant pourquoi on appelle ces cymbales les Talams car c’est exactement le son qui me revient en mémoire, et dont chaque rythme avec la voix du Gourou semble indiqué la gestuelle ou le pas à interpréter par la danseuse. « Tatatatalam, lam, laaam… » Le rythme de la danse est aussi soutenu par un percussionniste à l'aide d'un mridangam et d’un flûtiste. Une chanteuse intervenait à certains moments spécifiques pour illustrer l’histoire. Des dizaines de grelots aux chevilles de la danseuse complètent la sonorité vraiment très spécifique.

 

À la droite de la scène est installée une statue de Shiva sous sa forme de Nataraja, le dieu de la danse. La danseuse entre toujours par la droite, salue la divinité, la scène, les musiciens et le public avant de débuter, et après son interprétation.

 

Après son grand solo, Mélodie a été rejointe pour d’autres danseuses pour compléter quelques tableaux. Voici le groupe qui vous donne une belle idée des variations de costumes possibles, toujours partant d’un sari, donc 5 mètres de tissu rectangulaire….

 

Bravo,  merci aux parents et à Mélodie de nous avoir invités à partager ce moment que nous savions aussi très important pour eux (et sûrement stressant…). Le spectacle était vraiment très beau , même chargé d’émotions (surtout pendant une petite touche personnelle dédiée aux frenchies…) ; en tout cas,  bien loin d’un spectacle « amateur » de fin d’année, malgré le jeune âge des danseuses ! j’espère que notre « star » continuera cette danse car elle a vraiment un talent. C’est sur qu’elle a du sang de Pondichéry dans ses veines, elle ne peut pas le cacher… !! ou qui sait, elle a peut-être même vécu dans un temple dans une vie antérieure ?

 

 

Publié dans culture et tradition

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